Cap sur Fuerteventura

Cap sur Fuerteventura

L’idée du grand départ, celle qui m’a animé pendant des années, n’était pas seulement nourrie par d’innombrables vidéos et blogs de familles aventurières, mais surtout par cette vision intérieure, cette représentation idéalisée que je m’en faisais. J’ai imaginé chaque détail, chaque moment. J’ai passé des nuits à esquisser des itinéraires, à débattre du véhicule idéal, à rêver des routes inexplorées, à sentir l’asphalte sous les roues, le vent du voyage caressant mon visage. Cette vision idéalisée, presque irréelle de la réalité, c’est celle à laquelle on aspire souvent Et pourtant…

Les attentes étaient hautes. La pression palpable. On pourrait croire qu’en donnant vie à un rêve longtemps chéri, tout deviendrait plus doux, plus fluide. Mais la vérité, c’est que le voyage est jalonné d’imprévus, de rebondissements, d’incertitudes. Mon trajet vers Fuerteventura en a été le parfait exemple. Alors oui, le rêve est précieux. Le voyage imparfait. Et il se peut que le tumulte de l’anticipation soit bien plus intense que la destination elle-même.

Fuerteventura par la route, par les airs et par bateau.

Mon choix était net : mon Hilux m’accompagnerait à Fuerteventura. Sur une île où chaque recoin recèle un trésor, je voulais le monstre, le truc robuste, pas une bagnole lambda de location. Et franchement, louer pendant quatre mois ? Une folie financière. Donc, décision tranchée : le ferry porterait mon Hilux, ma famille, mon clébard et moi. Le trajet, sur le papier, semblait d’une banalité affligeante : 2300 km de la Belgique à Cadix. Trois jours pour traverser la France et l’Espagne avec tout le monde à bord. Tout était soigneusement planifié, chaque étape, chaque pause. Dans mon esprit, nous allions rouler vers notre destination, bercés par la promesse d’une aventure mémorable. Mais malgré ce plan solidement bétonné, j’étais loin d’imaginer la profondeur des fissures qui allaient surgir en chemin.

La réservation : traversée d’un labyrinthe

Ça a démarré avec ce foutu site de Trasmediterranea. Malgré son apparence conviviale, dès ma tentative de validation, il m’a craché des erreurs comme un vieux code JavaScript sur Internet Explorer.

Dans un élan de pragmatisme, j’ai décidé de prendre mon téléphone et de contacter directement le service client. J’apprends alors que le 5 septembre est saturé. Plus de place pour les grosses voitures, ni pour les chiens. Un coup dur. Devant ce casse-tête, Hélène et moi révisons le plan : elle prendrait l’avion avec les enfants et le chien. J’irais seul en ferry avec la voiture. Fort de ce plan B, je retourne devant mon pc, me battant avec ce site pour mon Hilux et moi. Après quelques rounds, KO, réservation validée. Pour le 5 septembre. En parallèle, les billets d’avion pour les miens sont réervés. Pour le 30 août. Juste le temps pour moi de les conduire à l’aéroport et de filer dans le sud de l’Espagne où m’attendrait le ferry quelques jours plus tard. Je reçois les confirmations par email. Tout semblait rouler.

En ouvrant l’email de confirmation de Trasmediterranea, j’ai été cloué sur place : aucune mention de ma voiture. L’incompréhension m’a paralysé. Comment avais-je pu rater cela ? Après avoir méticuleusement repensé à chaque étape de ma réservation, j’étais persuadé d’avoir tout bien fait. Pris de panique, je me suis précipité pour contacter le service client.

Leur réponse m’a frappé. Comme un coup de caisse claire dans un silence assourdissant. Le prochain créneau disponible? Le 19 septembre. Encore un coup dur. Quand on n’est pas au complet, c’est comme un pocket groove qui déraille. Chacun de nous apporte sa note, son rythme, et ensemble, on forme ce groove parfait. Il en manque un? L’ensemble semble hors tempo. Jour après jour, j’ai harcelé le service, espérant contre tout espoir qu’une place se libère miraculeusement le 5 ou le 12. Mais face à l’implacable marche du temps, il m’a fallu accepter l’inévitable : mon départ serait retardé.

Cette série de rebondissements, bien loin de l’excitation initiale d’un voyage prévu, m’a appris une chose : même dans la préparation, l’aventure peut commencer. Mais malgré tout, j’étais déterminé à ne pas laisser ces complications ternir l’anticipation de notre grande aventure.

Sur la route

Le vendredi soir, le départ a été précédé d’une partie de Tetris avec le contenu de la benne du Hilux. C’était un ballet d’objets, une optimisation des espaces. Vers 22 heures, je suis arrivé chez mon ami Steph au Luxembourg, très en retard. Après un souper tardif, nous nous sommes perdus dans une conversation qui a duré jusqu’aux petites heures, naviguant entre les trivialités et les grands mystères. Le lendemain matin, la route m’a appelé. Destination : Bollène, France. Un arrêt nécessaire pour rendre visite à l’oncle d’Hélène, Etienne, et son cousin résidant dans la région. La soirée a commencé chez Etienne, où l’accueil chaleureux s’est matérialisé par quelques bières. Plus tard, seul, j’ai rejoint le cousin à quelques kilomètres de là. Quelques verres de vin s’ajoutent aux bières de la soirée. Minuit. L’heure des choix douteux. Je décide de rentrer en voiture. J’approche d’un rond-point. Quelques centaines de mètres me séparent de l’hôtel que j’ai réservé plus tôt dans la soirée. Juste devant, un éclat de lumière bleue me coupe net dans mes pensées quelque peu éméchées. Contrôle de police. On ne discute pas, on obtempère. Je souffle dans ce maudit ballon, espérant que les bières d’il y a quelques heures soient bien restées en arrière. Mais elles me trahissent. Le flic secoue la tête, verdict : positif. Me voilà embarqué au commissariat pour un contrôle plus précis. Le chiffre que je ne devais pas dépasser me tournait en tête comme une litanie : 0,35. Au-delà, c’était un retrait de permis. Impossible pour moi de rejoindre Cadix pour prendre le ferry. Un rêve brisé. Dans cette salle glaciale, l’attente était un calvaire, chaque scénario catastrophe défilait.

Finalement, le chiffre est apparu : 0,28. Un soupir de soulagement. Une simple amende de 90 euros. On m’a reconduit à mon véhicule pour que je puisse récupérer mes affaires pour la nuit, puis j’ai pris la direction de l’hôtel, à pied, laissant le Hilux derrière moi. En marchant dans la nuit, un sentiment de soulagement m’envahissait, mélangé à une pointe d’ironie. Tout ce stress pour protéger la voiture en Belgique, et voilà que je manque de tout faire capoter en France, sans même m’y attendre. Une énième péripétie dont j’ai le secret. Après ce tumulte nocturne, le lendemain matin a offert un doux répit : un déjeuner chez tonton Étienne et tante Anne-Marie. Des moments simples, une bouffée d’air frais avant la suite de l’aventure. En prenant la route vers Valence, en Espagne, la sérénité s’est vite dissipée. Le ciel s’est soudainement déchaîné, me piégeant dans une mêlée sauvage de pluie, de vent et de grêle. Un orage d’une violence inouïe, où j’ai cru que la route m’avalerait. C’était comme si la nature elle-même voulait me mettre à l’épreuve. Mais après la tempête vient le calme, et quel calme ! Un coucher de soleil époustouflant, où les couleurs semblaient s’excuser du déluge précédent, peignant un tableau d’espoir. La nuit passée à Tomelloso s’est déroulée sans accroc, comme pour compenser la journée harassante. Et finalement, le lundi, j’atteignais Cadix vers 14h, avec l’océan en guise de bienvenue et la promesse des retrouvailles tout près.

Le jour du départ : Une anticipation mêlée d’incertitudes

Le 18 septembre, Cadix. En fin d’après-midi, j’ai mis le cap sur le port, histoire de ne pas naviguer à vue le lendemain. C’était aussi l’occasion de récupérer ma carte d’embarquement directement au bureau de Trasmediterranea. Tout avait intérêt à être carré. Une petite chambre m’attendait via Air BnB, pas loin du port. En quittant le bureau, le ferry s’est dévoilé devant moi, imposant, baigné par les lumières du crépuscule. Cet engin, promesse d’horizons nouveaux, me rappelait aussi les embûches du processus de réservation.

Le jour J, je me suis levé tôt. Le stress, l’excitation, et une pointe d’appréhension avaient raccourci ma nuit. Les souvenirs de la réservation tumultueuse tournaient en boucle dans ma tête. J’espérais juste que tout se déroule sans accroc à partir de maintenant.

Arrivé au port à 9h00, bien avant l’heure conseillée, je voulais être l’un des premiers sur place. La zone d’embarquement était déjà en effervescence, avec une variété de véhicules allant des voitures citadines aux camping-cars, en passant par les 4×4 comme le mien. Stationné à côté de moi, un vieux van VW immatriculé en Suède et portant portant la mention « Ténérife ». À côté, un vieil homme, son propriétaire, m’a salué avec un hochement de tête. Une solidarité tacite semblait unir tous ceux qui attendaient.

L’attente a semblé interminable, mais finalement, le moment de l’embarquement est arrivé. Mon cœur battait la chamade alors que je suivais les instructions des employés du port. Et quand le Hilux a grimpé sur le pont du ferry, j’ai ressenti une énorme bouffée de soulagement. C’était fait. Je me dirigeais enfin vers Fuerteventura, malgré les obstacles, prêt à rejoindre ma famille et à démarrer notre aventure commune.

 

Une expérience mémorable à bord du ferry pour Fuerteventura

Une fois la voiture sur le pont du ferry, j’ai fait mon entrée dans les tripes de ce monstre d’acier. Juste derrière la porte, une femme à l’accueil m’indique d’un signe de la main un « salon » sur ma gauche. Sans cabine, je m’attendais à un truc inconfortable, mais quelle belle surprise! C’était comme un fauteuil de gamer. Le genre de truc qui te fait souffler, t’assieds, et tu penses: « Peut-être que tout va bien se passer ». Estomac en berne, je m’attable au resto du navire. C’est pas la grande bouffe, mais ça tient la route et le portefeuille ne hurle pas. Après un bon repas, rien de mieux qu’un café, face à l’horizon, avec le soleil qui se couche. La nuit approchant, je vois des types s’étaler sur le sol dans le « salon », s’emmitouflant dans leurs draps. vraiment pas l’air confortable. Pas mon truc. J’avais anticipé le coup. Retour à la bagnole. Extraction d’un sac avec tout le nécessaire pour dormir dehors et direction le pont supérieur. La tête sous les étoiles, c’était comme flirter avec l’infini. Se réveiller avec le soleil émergeant de l’océan, c’est quelque chose. Quand t’as cette vue, tu te rends compte du chemin parcouru. L’après-midi touchait à sa fin quand, café à la main, Lanzarote est apparue. Pas de doute, en ferry, tu ressens la distance. L’escale à Arrecife? Un joyeux bordel. Tout ça à cause d’une bande de forains qui embarquaient leurs attractions. Posté à l’arrière du bateau, je capturais tout ce cirque avec mon téléphone. La montagne russe avec Ali Baba et ses quarante voleurs peints sur le côté, le carrousel orné d’images de magiciens et de lapins sortant de chapeaux, tout un défilé d’images colorées qui entrait dans la soute du ferry. J’envoyais ces photos et vidéos à Hélène au fur et à mesure, qui tentait de me rassurer. « Ça va aller, tu arriveras avant la fermeture de la cuisine ». Mais face à ce capharnaüm, j’avais des doutes. Pour des gens dont le métier est d’apporter du rêve et de la fête, ils ont bien réussi à semer le chaos dans mon programme.

Après un périple en ferry qui semblait sans fin, Puerto del Rosario se dessine enfin à l’horizon. Premier à débarquer, la nuit est tombée. Les lampes torches des policiers balayent la route, éclairant par intermittence mon chemin. Pas de contrôle. Rien. Juste une route ouverte devant moi. Direction Caleta où m’attend ma famille. Garé non loin de la plage, la brise marine fouettant mon visage, je distingue leurs silhouettes sur la digue. Je m’avance derrière eux, pas silencieux, ombre parmi les ombres, cherchant à rester invisible aux yeux de mes deux petites étoiles. Seule Hélène, avec son sixième sens, sent ma présence. Elle dégaine son téléphone pour un selfie avec les gamins, censés me montrer à quel point ils s’amusent en attendant mon arrivée. Je m’approche, m’infiltre dans le cadre au dernier moment. Le déclic de l’appareil, et la magie opère. Leur surprise en me découvrant à leurs côtés sur la photo ! Leurs visages éclairés d’une joie pure, de ces moments rares qui vous font oublier les tracas du voyage. Mais avant même d’avoir le temps de les serrer contre moi, Bobbie, toujours enthousiaste, me saute dessus, renversant la donne. Moments de pure émotion, gravés pour toujours.

Vie nomade en famille à la découverte du monde!

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