Conseils pratiques & RessourcesComment le développement web m’a ouvert la route

Comment le développement web m’a ouvert la route

Tout a commencé par un camping-car. Une envie simple, presque naïve : goûter à un bout d’aventure, un pied en dehors du quotidien. Avec Hélène, on voulait juste tester. Pas un voyage, non – des vacances, rien de plus. Vacances et voyage, pour moi, c’est le jour et la nuit. Les vacances, c’est faire une pause. Le voyage, c’est un appel, c’est quitter, c’est chercher.

On est partis. L’Alsace, la Suisse, Venise, et retour par l’Autriche et l’Allemagne. Des routes qui s’étirent, des montagnes, des lacs qui brillent au soleil. C’était l’idée : rouler, voir, sans programme. Goûter à l’inattendu, se laisser surprendre. Mais l’aventure, elle n’est jamais douce. On apprend. On gèle, comme cette nuit en Autriche, moins dix degrés, le chauffage en panne, blottis comme on peut. La fatigue, le froid, et pourtant, ce sentiment qu’on touche à quelque chose.

Au retour, la désillusion. Le plancher pourri, caché sous des plaques de métal. Le camping-car foutu. Fin de l’histoire ? Pas tout à fait. Parce que l’idée, elle, était là, bien enracinée. Ce ne serait pas juste des vacances. Non, je voulais le voyage. Le vrai. Celui qui ne s’arrête pas. Restait à trouver comment.

Le premier road trip : réussite et désillusion

Ce premier road trip, c’était un peu tout et son contraire. Une réussite, un échec, un premier pas qui trébuche et qui rêve en même temps. On roule, l’Alsace, la Suisse, le lac de Côme, Venise. Des noms qui claquent, des paysages qui marquent. La route défile, les montagnes se dressent, les lacs scintillent. Chaque virage nous rapproche d’une autre image, d’un autre moment, d’une idée qui prend forme.

Et puis il y a les galères, les imprévus. Comme cette nuit en Autriche, moins dix degrés, le chauffage en rade. On grelotte, on souffle sur nos mains gelées, on rit nerveusement, on râle un peu. L’aventure, on la goûte glacée, on la sent brute. On s’accroche, on apprend que le voyage, ce n’est pas que des cartes postales.

Au retour, la chute. Un coup de fil du garagiste : « Plancher pourri, masqué par des plaques de métal. » Le camping-car, lui, avait triché. Fini, la liberté sur quatre roues, fini les projets. Mais au fond, c’était trop tard pour faire demi-tour. Dans ma tête, l’idée avait déjà pris racine. Ce ne serait pas juste des vacances, non. Je voulais plus. Le long cours, le vrai voyage, sans compromis. Le reste, ce n’était plus qu’un détail.

Le rêve de voyage au long cours et la réalité financière

L’idée était là, plantée comme un défi. Ce premier road trip avait éveillé autre chose. Plus question de simples vacances, d’une pause qui se termine. Non, je voulais le long cours, le voyage qui n’a pas de retour marqué, celui qui laisse la vie s’étirer, se transformer au rythme de la route.

Mais la liberté a son prix. Pour partir, il fallait de quoi vivre. À l’époque, j’étais enseignant en sciences sociales dans un lycée. Un bon métier, oui, mais un métier qui colle les pieds au sol, qui n’a rien d’un ticket pour le monde. Un métier qui, sans aucun doute, n’épouse pas l’idée de partir à l’infini.

Alors, j’ai cherché. Je tape quelques mots dans Google, « vie nomade travail ». Un clic. Une liste de métiers s’affiche, dix options pour travailler en voyageant. Et là, une phrase, presque une provocation : à côté de développeur web, je lis « Pourquoi n’êtes-vous pas encore parti ? » La graine pousse encore un peu plus. La décision est prise. Moi, qui n’y connaissais rien en informatique, j’allais devenir développeur web.

La découverte du développement web : un déclic

Devenir développeur web, ça sonnait presque comme une blague. Moi, devant un écran, des lignes de code, des termes techniques que je ne comprenais même pas. Pourtant, le déclic était là. C’était ça ou rester. Et rester, ce n’était pas une option.

Je m’inscris chez Becode, une formation de sept mois. Sept mois pour comprendre un métier, sept mois pour apprendre un langage étranger, presque une terre inconnue. Me voilà entouré de jeunes, à me sentir parfois comme un étranger, le dernier de la classe. On me parle de fonctions, de boucles, de variables. Parfois, je ne comprends même pas ce qu’on me demande. Mais je m’accroche. Chaque jour, je me dis que c’est un pas de plus vers la route, vers le départ.

Et puis, ça finit par faire sens. Les pièces se mettent en place, le brouillard se lève. La fin de la formation arrive, sans stage, parce que j’ai déjà un emploi qui m’attend. Une PME près de chez moi, un contrat, une stabilité toute prête. On me propose un CDI. Je refuse. La liberté ne s’enferme pas dans un contrat à durée indéterminée. Alors, je prends un CDD. Un an, c’est bien assez pour savoir où je vais. Et l’année suivante, j’obtiens ce que je voulais : l’indépendance.

Les premiers pas dans le développement et la quête de liberté

Le CDD prend fin. L’entreprise me propose de rester, mais cette fois, aux conditions que j’ai fixées. Indépendant, libre de mes mouvements. Je crée ma SRL, un projet qui tient dans un nom, dans quelques papiers signés, mais qui représente bien plus. C’est un pas de plus vers le voyage, une étape qui rend le rêve possible.

Et là, sans camping-car, avec le temps, l’idée d’un autre véhicule s’impose. Je retourne fouiller les forums, les sites de voyageurs, les blogs de baroudeurs. C’est décidé : un 4×4, un Hilux, une tente de toit, de quoi rouler loin, partout. Je veux des routes sans barrières, des pistes où les cartes n’ont plus vraiment d’importance. Ce n’est plus juste un rêve, c’est un plan.

Premier essai, premier souffle de liberté avec le Hilux. Traversée des Pyrénées, côté espagnol, de la Méditerranée à l’Atlantique, en théorie. On s’arrête dans les Bardenas. Un paysage de poussière, de roche, de silence. Là, je touche du doigt cette liberté que je cherche depuis le début. L’aventure, elle est bien réelle. Ce n’est plus un écran, ce sont des chemins qui s’étirent et des nuits sous les étoiles.

Le projet de voyage en Amérique : une aventure repoussée

Le Hilux est là, prêt pour l’aventure, et dans ma tête, les plans se dessinent. Traverser les Amériques, du nord au sud. Rien de moins. Je veux sentir chaque continent, chaque paysage, du froid des Rocheuses à la chaleur des Andes. La date est fixée : 1er septembre 2024. Une année pour organiser, pour rêver, pour préparer.

Mais l’impatience gronde. On est en juin 2023, un jour d’été. Ma fille danse sur scène, le soleil tape. Hélène et moi, on sort un moment, on s’allonge dans l’herbe, on parle du grand départ. Et si on partait plus tôt ? Et si on changeait le cap, juste pour voir ? En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, la décision est prise : ce ne sera pas l’Amérique, mais un tour plus court, comme une mise en jambes. Fuerteventura, les Alpes françaises, et puis, qui sait, peut-être le Cap Nord.

On s’élance. Mais la route n’a jamais de certitudes. Les plans se heurtent à la réalité, des événements viennent tout chambouler. En mars 2024, le verdict tombe : on arrête tout. La grande traversée des Amériques attendra. Mais l’idée de repartir, elle, ne s’éteint pas. Elle change juste de direction.

Le tournant vers l’Afrique : de la Scandinavie au Sénégal

Alors, on réoriente le cap. Le nord, ce ne sera pas pour tout de suite. Mais quatre mois de liberté, ça ne se refuse pas. Un détour par la Scandinavie ? Finalement, non. L’appel de l’Afrique se fait plus fort. Un cap plus audacieux, plus brut. Cap sur la Guinée Conakry, une aventure de sable et de chaleur.

On descend, on traverse. Les kilomètres défilent, les paysages changent. Et puis, quelque part au Sénégal, au détour d’un village, on s’arrête à Palmarin. Ce n’était censé être qu’une halte, une pause d’un ou deux jours avant de reprendre la route. Mais Palmarin nous retient. Une semaine, puis deux, puis un mois. On découvre, on se lie, on est invités dans des familles, à une communion, puis pour la Tabaski.

Palmarin devient plus qu’un point sur la carte ; il devient un lieu, un ancrage temporaire mais profond. Le voyage, ici, prend une autre saveur, plus lente, plus immersive. Ce n’est plus juste de la route, c’est du temps passé avec des gens, des visages, des histoires. Et c’est là, à Palmarin, que je me dis que c’est ici que pourrait commencer autre chose. Peut-être qu’un jour, d’autres voudront faire le même chemin.

Une vie façonnée par le choix et l’adaptation

Chaque étape, chaque détour, chaque ajustement a façonné ce chemin vers la liberté. De l’enseignant au développeur, du camping-car au Hilux, de l’idée d’Amérique à l’appel du Sénégal, ce parcours est fait de décisions, d’adaptations, de choix qui, pris ensemble, dessinent une route unique.

Ce n’est pas un voyage linéaire, c’est une aventure mouvante, une série de départs qui, tous, ont un goût de recommencement. Et aujourd’hui, me voilà ici, avec cette envie intacte de parcourir, de découvrir, mais aussi de transmettre. Chaque endroit, chaque visage rencontré m’a rapproché de ce que je cherche depuis le début : une vie qui me ressemble, libre de suivre son propre rythme, loin des sentiers tracés.

Peut-être qu’un jour, je poserai ce sac, je rangerai cette tente. Mais pour l’instant, la route continue, comme une invitation à aller plus loin, à voir ce qu’il y a après le prochain virage. Une vie en mouvement, façonnée par les choix qu’on ose faire et les rêves qu’on n’abandonne pas.

Vie nomade en famille à la découverte du monde!